Il n’y a pas que le foot ou le basket dans la vie. Il y a le catch aussi. La preuve en est avec ses millions de fans répartis dans le monde, agglutinés soit dans les salles soit devant leur téléviseur (le cas de votre testeur, dans une autre vie, autrement dit au sommet de sa jeunesse) pour assister aux affrontements de leurs vedettes favorites, avec son lot de rebondissements, de dramas et de show que le catch aime tant offrir à ses partisans. Fort de bases acquises ces dernières années - on oubliera peut-être un jour le terrible opus 2K20, ses bugs et son injouabilité extrême - la licence revient donc en ce mois de mars fort d’un WWE 2K24 qui se veut ambitieux et emballant.

Ambitieux, car ce sont les 40 ans de Wrestlemania, LE plus gros événement de catch tous les ans, rassemblant à la fois les nouvelles têtes de la WWE, mais aussi ses anciennes gloires, comme Dwayne “The Rock” Johnson. Emballante, car depuis cet ignoble opus 2020, la licence tente, année après année, de gommer à la fois ses lacunes techniques et de bien développer son contenu, pour tenter de le rendre plus attractif et donc plus indispensable.

Ladies and gentlemen, welcome to Wrestlemania!

Il fallait donc être à la hauteur de l’événement et niveau contenu, Visual Concepts n’a pas lésiné question efforts pour rendre hommage à cette gigantesque célébration internationale du catch. Le mode Showcase of the Immortals est donc dédié à Wrestlemania avec 21 combats à jouer, représentant autant de moments marquants et les cinq décennies d’histoire de l’event, ainsi que son lot de catcheurs historiques. On retrouve par exemple Hulk Hogan, The Rock donc, Roman Reigns, Cody Rhodes, présent sur la jaquette du titre, Randy Savage, Bianca Belair, André The Giant, Eddie Guerrero ou encore Bret “The Hitman” Hart (le chouchou de votre testeur).

Autant être sincère, n’ayant plus qu’un œil lointain sur cette discipline et n’ayant pas vu toutes les éditions non plus de Wrestlemania, on ne sera pas en mesure de vous dire quels sont les affrontements emblématiques qui manquent dans la liste. En revanche, on a pu saluer la mécanique d’évolution du mode, qui propose des objectifs secondaires lors de chaque combat de légende, sans pour autant les imposer, comprenez par là que le simple fait de gagner tel ou tel choc vous permettra d’avancer au combat de légende suivant. Plutôt smart.

wwe 2k24 test

Parfois beau, trop souvent limite

Ce qui l’est d’autant plus, c’est l’immersion offerte par ce mode Showcase. Narrée par Corey Graves, ancien catcheur et commentateur de la WWE, l’histoire de Wrestlemania se joue et s’écrit aussi sous nos yeux avec des extraits de l’époque parfaitement incrustés à l’action avec des flashbacks venant se mêler parfois en transition d’une cinématique. Rings aux couleurs et à l’ambiance de l’époque, graphismes et textures de circonstance, rien à redire, on s’y croit. C’est d’ailleurs là que le moteur graphique s’en sort le mieux et convainc le plus, avec des jeux de lumière, un rendu de la peau et de la sueur exceptionnels. L’ennui, c’est que tout n’est pas sur le même plan graphique dans WWE 2K24. La modélisation des catcheurs et catcheuses est fortement inégale, encore plus chez ces dames, avec un rendu capillaire plus que douteux d’une combattante à l’autre (ahhhh les cheveux ! Phénomène d’ailleurs aussi valable chez les hommes hein). 

Le public est triste, terne et compense par sa réactivité sonore pendant les combats. L’environnement et les rings souffrent du même mal, avec des textures bâclées, baveuses et grossières, parfois sauvées par des jolis effets de lumière, parfois non. Est-ce que c’est foncièrement gênant lorsque l’on se lance à corps perdu dans un combat ? Pas à nos yeux, mais on ne peut occulter que le rendu à l’écran pique sacrément les yeux, d’autant que les ambiances se veulent fidèles à ce que proposent les shows des différentes divisions de la WWE (SmackDown, Raw, NXT), à savoir des couleurs bien flashy, bien criardes. 

Mais globalement et c’est là le principal talon d’Achille du titre, visible après quelques parties seulement, l’ensemble n’est pas toujours soigné, certaines cinématiques ne rendent pas honneur aux participants - sans compter le fait qu’elles sont souvent répétitives - et si on en reconnaît certains, ils ne sont pas réussis pour autant, loin de là. Est-ce que l’on touche les limites du moteur ? Oui chef. Est-ce que ce manque de soin et ces mêmes limites sont les conséquences du positionnement cross-gen du titre ? Possible, mon général. Bref, ce n’est pas encore cette année qu’on dira de WWE 2K que la version en cours est une vraie version nouvelle génération.

wwe 2k24 test

Un gameplay accessible, riche mais pas parfait

Niveau jouabilité, WWE 2K24 suit la continuité des précédentes éditions. Avec cette volonté de rendre la prise en main toujours plus accessible, avec notamment les actions disponibles affichées à l’écran (très utiles pour le tempo des contres). Si vous n’avez pas ou n’aviez pas touché à un jeu de catch et un jeu de la licence notamment depuis un moment, vous serez peut-être perdu pendant quelques minutes, mais après un tour au Performance Center, avec ses tutoriels thématiques, vous serez assez vite d’attaque. Le jeu est assez complet, propose énormément de gestes et de prises à accomplir. Si elles ne sont pas toutes intuitives, elles sont loin d’être irréalisables, à condition d’avoir le bon rythme.

Car que ce soit les contres, les prises ou les finishers, appuyer trop tôt ou trop tard donne lieu à des séquences frustrantes. Comme, dans le cas d’un contre raté, la possibilité de subir un enchaînement de coups ou de prises adverses sans pouvoir faire grand chose. Ou, autre exemple, une prise qui met dix plombes à se déclencher, car vous devez attendre que votre adversaire se relève un peu pour que votre prise puisse être enfin exécutée. On a aussi noté parfois une séparation et donc une latence entre la demande d’un coup et sa réalisation, ce qui entraîne parfois des ratés dans l’exécution - on ne monte pas sur la troisième corde tout de suite, entraînant un choix différent de notre part et donc une erreur exploitable pour l’adversaire. Il faut tout de même souligner que le gameplay se veut aussi volontairement lent (on n’est pas dans un jeu d’athlétisme non plus) pour bien décomposer les mouvements et les phases de récupération, ce qui peut être déroutant au début et propage forcément ce sentiment de lenteur.

Mais une fois habitué, on peut profiter de la richesse des coups proposés et leur fluidité, qui dépendent autant de la spécificité de votre combattant que de son positionnement hors et sur le ring - ce qui vous obligera à bien connaître le catcheur ou la catcheuse que vous souhaitez jouer -, le tout allant du simple combo de coups de poing aux prises de soumission (sous forme de QTE on ne peut plus clair à effectuer), sans oublier l’usage de votre environnement. Les possibilités sont donc nombreuses, que ce soit dans le porté des adversaires, dans les prises de soumission et même dans le placement de quelques coups vicieux, à condition de ne pas se faire prendre par l’arbitre. On déplorera tout de même certains couacs dans la prise d’objets - à aller chercher sous le ring - ce qui est toujours frustrant, surtout lorsqu’on est sous pression, alors que d’autres interactions avec des éléments du décor, que ce soit sur le ring ou dans les coulisses, ne souffrent elles d’aucun bug. A noter qu’au Finisher et au coup signature de votre catcheur, s’est ajouté un Super Finisher, qui se déclenche grâce aux trois barres de Super à remplir sous votre jauge de santé et qui vous garantissent d’en terminer en un seul mouvement avec votre rival.

test

Cercueil ou ambulance, faites vos jeux 

Histoire de dynamiser les combats et d’en accroître l’enjeu, de nouvelles stipulations - type de match au catch - sont venues s’ajouter. On pourra désormais enfermer son adversaire dans un cercueil (référence aux combats légendaires de l’Undertaker) ou encore dans une ambulance pour l’emporter. Mais ce n’est pas tout. Une stipulation vous offre l’opportunité de jouer les arbitres et d’influer sur le sort de la rencontre, soit en étant le plus professionnel possible, soit en favorisant tel ou tel catcheur. Enfin, un mode Gauntlet Match vous permet d’affronter les uns après les autres jusqu’à 29 autres catcheurs ! Ces stipulations sont toutes disponibles dans le mode Exhibition, mais aussi dans le reste de WWE 2K24, comme le mode Univers, qui vous permet d’écrire votre propre version de la WWE, en mettant en avant les shows de votre choix, les personnalités de votre choix, les rivalités que vous souhaitez promouvoir, les divisions que vous voulez mettre en avant, le tout en personnalisant à fond votre expérience de jeu, quitte à tout changer de A à Z.

Rien d’inédit, puisque le mode était déjà présent par le passé. C’est le cas du reste du contenu de WWE 2K24 : on retrouve l’équivalent du mode MyTeam de NBA 2K, à savoir MyFaction et son système de cartes, le mode MyGM, dans laquelle vous devez gérer votre propre écurie de stars, les aider à se développer, remporter le plus de ceintures possible et gérer bien évidemment l’aspect financier, tout en choisissant de simuler ou non les combats, le tout en concurrence avec un ou d’autres managers, gérés soit par l’IA soit par d’autres joueurs, dans la même division que vous ou dans des divisions concurrentes.

wwe 2k24 test

Une Carrière pas assez immersive, un contenu très (trop) classique

Enfin, qui dit WWE 2K dit forcément un mode Carrière et ce dernier épouse deux scénarios bien distincts. Dans Unleashed, vous incarnez une catcheuse indépendante amenée à entrer dans la cour des grands, avec le lot de concessions et sacrifices qui vont avec. Dans Undisputed, vous êtes un catcheur moyen qui va profiter de la retraite surprise de Roman Reigns pour tenter votre chance d’accéder au sommet et de devenir le nouveau patron incontesté de la ligue.

Si WWE 2K24 reprend les codes habituels chez les jeux 2K Sports (présence des réseaux sociaux notamment), il n’y a pas ici de ville à découvrir ou d’interactions multiples à avoir. On parle avec d’autres catcheurs (sans déplacement au préalable, il suffit de bouger la tête pour changer d’interlocuteurs) et on enchaîne les combats. Il y a bien quelques cinématiques pour apporter du liant et de la profondeur à l’ensemble mais ça manque clairement d’immersion. On est loin, très loin du mode Showcase à ce niveau en tout cas.

Alors, WWE 2K24 mérite-t-il que vous déboursiez votre argent pour (re)monter sur le ring ? En tant que fan de catch, il sera compliqué de faire l’impasse sur ce titre, avec l’hommage incroyable rendu à Wrestlemania, un roster de plus de 204 combattants et un contenu certes similaire aux versions passées, mais toujours aussi conséquent niveau durée de vie. Outre le fun procuré, ce sont ces mêmes garanties qui vous permettront de passer outre une technique franchement limitée, un moteur graphique fatigué ou encore des bugs potentiels (cela a été notre cas en tout cas). Autant de scories frustrantes qui peuvent faire sortir un joueur moins fan ou pas fan du tout, au mieux juste curieux, de son expérience de jeu. Pour ceux-là, il faudra réfléchir un peu avant de passer à la caisse.

test